ZOLA
Comme il avait épousé une femme plus jeune que lui de quinze années, ces coups d'œil fréquents, donnés aux glaces, le rassuraient.
La Bête humaine - extrait du chapitre 1 - Zola
Etude
I. Un moment de pause :
Cet extrait se caractérise essentiellement comme un temps de pause, un entre-deux narratif qui se déroule peu avant l’arrivée et la présentation de Séverine puis la violente dispute du ménage lors de laquelle se décide le meurtre de Grandmorin qui nouera l’intrigue. Dans l’intervalle, le récit nous retrace une attente morne, celle de Roudaud s’agaçant intérieurement du léger retard de son épouse. La première impression est donc qu’il s’agit là d’un instant purement expectatif où il ne se passe rien. On trouve certes l’alternance habituelle des temps du récit, passé simple et imparfait. Pourtant le jeu temporel semble désamorcé, le relief modal des temps comme gommé, les verbes au passé simple marquant surtout des moments d’arrêt qui freinent la séquentialité des actions et placent la scène dans un état de suspension : "La demie sonna", "en passant devant la glace, il s’arrêta, se regarda". Cette scène peut même apparaître comme une parenthèse, au demeurant négligeable, dans la mesure où elle n’apporte aucun élément nécessaire à l’intrigue. En outre, installant son personnage dans une