D'où venons nous? que sommes-nous? où allons-nous?
Huile sur toile 139,1 X 374,6
Boston, Museum of Fine Arts
En 1897, lors de son deuxième séjour à Tahiti, Gauguin entreprit de peindre un grand tableau qu'il envisageait comme son testament pictural :
"Alors j'ai voulu avant de mourir peindre une grande toile que j'avais en tête, et durant tout le mois j'ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe. Dame, ce n'est pas une toile faite comme un Puvis de Chavannes, études d'après nature, puis carton préparatoire, etc...", écrivit-il à son ami Daniel de Monfreid, poursuivant en ces termes : "Tout cela est fait de chic, du bout de la brosse, sur une toile à sac pleine de nœuds et rugosités, aussi l'aspect en est terriblement fruste."
En haut à gauche du tableau, dans un large aplat de couleur jaune vif, il inscrivait : "D'où venons-nous? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?", signant ainsi l'un de ses plus grands chefs-d’œuvre. Quarante ans plus tard, cette somme picturale, qui a d'abord appartenu au collectionneur français Gabriel Frizeau, entrait dans les collections du musée de Boston.
L'œuvre réalisée dans " une fièvre inouïe " devait être la dernière car l'artiste, malade et à bout de ressources, avait résolu de mourir.
Revenant en 1901 sur la genèse de son tableau, Gauguin fournit à Charles Morice quelques explications sur le sens mystérieux de la composition qui se lit de droite à gauche, de la naissance à la mort. Au centre, un peu décalé vers la droite, un cueilleur de fruits à la silhouette statufiée, repris d'un dessin de l'École de Rembrandt, incarne les activités de l'existence journalière. Près de l'arbre de la Science, deux personnages devisent gravement sur la destinée humaine tandis que des hommes plus simples se laissent aller au bonheur de vivre.
L'artiste conserve sa toile pendant plusieurs mois dans son atelier avant de l'expédier en France. Il demande à Henry Lemasson de la photographier après l'avoir rehaussée avec du pastel pour