J'émerveille
Il va sans dire que la poésie prétend mettre la douleur à distance, l’apaiser en quelque sorte dans la plénitude du poème, tout en, paradoxalement, la donnant à sentir au lecteur. Mais l’on n’écrit pas sous l’impulsion de la douleur dans l’immédiateté du ressenti. Prendre sa plume, se mettre à sa table requiert une mise à distance de ce qui trouble pour le travail de l’écriture lui-même. « Sois sage o ma douleur et tiens toi plus tranquille… », ce vers semble indiquer le préalable à toute composition poétique. Mais plus le moi s’absorbe dans la posture de l’écrivain, du poète, plus le travail poétique avec ses exigences se substitue à la peine, divertit, détourne des affres. C’est l’un des sens possible de l’enchantement du mal par la poésie, cette faculté de le mettre à distance dès qu’il devient sujet du poème, thème à traiter et dès que le poète prend son statut d’artiste, en témoigne par exemple