A peine avait-il vingt-cinq ans que Paul Nizan écrivit dans son premier ouvrage Aden Arabie : « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». Il suppose à travers cette citation que beaucoup de gens conçoivent que c’est le plus bel âge. Qui a raison ?

A vingt ans, c’est la première fois que l’on prend conscience de notre âge, qui passe à la décennie suivante, comme si on recevait ça d’un coup, comme si la qualité arithmétique de l’âge passait devant sa définition sociale. A dix-huit ans, on ne fête rien de particulier, si ce n’est son droit de vote peut-être. A 20 ans, on fête un nombre qui nous libère totalement de notre adolescence, et de ses multitudes phases de crises et de sourires. C’est aussi un symbole puissant, celui de la maturité, que nous recherchons absolument à cet âge, comme une crédibilité, une nécessité. Cette maturité est particulière car elle vient d’être acquise, c’est l’âge où nous devenons un jeune homme. François Mauriac le décrit très bien dans son essai intitulé du même nom, c’est « l’indétermination », une « force vierge et inemployée qu’aucune spécialité ne confisque ». C’est dans cette liberté que réside la particularité de la maturité à vingt-ans. De plus, c’est l’âge où on atteint notre maximum physique. Avant on grandit, et après on vieillit lentement. Notre corps supporte bien mieux notre débauche et notre rythme de vie ne subit aucune limite physique. C’est ce mélange de jeunesse physique et de maturité qui rendent les vingt ans si particulier, mais pourtant si éphémère. Si bien qu’on s’en accroche désespérément quand on parle par exemple de la vingtaine, ou qui en deviennent un souvenir d’un bonheur insouciant comme le montre les paroles d’Hier encore de Charles Aznavour.

Mais les vingt ans sont aussi un mal être, celui des difficultés de se projeter dans la vie, de se trouver un avenir professionnelle. L’enthousiasme et l’excitation de cet âge en deviennent vite bridés par ce