L'abeille et larchitecte
Ainsi Bergson souligne dans L’évolution créatrice que l’homme, contrairement à sa définition anthropologique, qui tend à caractériser l’homme en fonction de son savoir théorique (de la connaissance des choses, même de manière abstraite), est comme un homo faber, c’est-à-dire l’homme comme un artisan, fabriquant d’outils, nécessaires à l’aménagement de son espace et à l’amélioration de ses conditions de travail.
« En ce qui concerne l’intelligence humaine, on n’a pas assez remarqué que l’invention mécanique a d’abord été sa démarche essentielle, qu’aujourd’hui encore notre vie sociale gravite autour de la fabrication et de l’utilisation d’instruments artificiels (…) En définitive, l’intelligence envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication ».
De fait, Bergson perd parti pour les thèses des Modernes contre les Anciens, en affirmant que l’homme est un être de travail, car en étant « homo faber » il a vocation à développer de manière infinie son travail ; les Anciens eux méprisaient le travail (travail vient du latin « tripalium » qui signifie torture !) ; de même ils y voyaient l’expression d’une soumission de l’homme à la nécessité, à la nature qui le contraignait à travailler ; Bergson est résolument Moderne sur le travail, car en considérant l’homme comme « homo faber » il tend à appuyer la thèse moderne selon laquelle le travail est le moyen de dominer la nature et par conséquent, d’être libre de la