L'albatros
Emile Zola (1840-1902) est le chef de file du mouvement naturaliste. Ce mouvement, essentiellement romanesque, prolonge le réalisme dans le dernier quart du XIXème siècle. Les auteurs se réclament de la science, et se considèrent comme les expérimentateurs de la « matière humaine » en étudiant notamment l’influence de l’hérédité et du milieu su le personnage. Zola engage une fresque romanesque d’une vingtaine de romans « Les Rougon-Macquart ou l’histoire naturelle d’une famille sous le second empire ». Son œuvre va lui permettre d’explorer en profondeur des corps de métiers : la finance dans La Curée, les grands magasins dans Au Bonheur des Dames, les commerçants d’alimentation dans Le ventre de Paris, les mineurs dans Germinal… Dans L’Assommoir, Zola présente le petit commerce à travers la blanchisseuse Gervaise, mais surtout les méfaits de l’alcoolisme qui la feront plonger prématurément dans la déchéance. L’œuvre contient quelques personnages magnifiés, comme c’est le cas du forgeron Goujet, surnommé Gueule- d’Or.
Nous analyserons comment Zola décrit le réel, et transpose la réalité lui donnant une dimension fantastique.
Dans un premier axe de lecture, nous étudieront le portrait réaliste du forgeron : sa description physique, son activité laborieuse. Nous verrons dans une seconde partie son activité magnifié et sacralisé (qui devient sacré) : la personnification du marteau, glorification du travailleur.
Goujet se met en scène dans son activité quotidienne : face au regard de Gervaise qu’il affectionne, il va mettre en valeur la virilité de son travail, la puissance qu’il doit déployer pour son métier. La théâtralité se révèle par son application « avant de commencer… puis il ne se pressa pas ». Les verbes sont au passé simple de premier plan et on relève une énumération de verbes d’actions mettant en valeur le personnage « pressa, prit, lança ». Le texte contient le champ lexical du corps humain « ses deux mains, du