L’échec des Habsbourg est complet, en 1648; les héritiers du Saint Empire romain germanique ne peuvent plus rêver de domination catholique universelle (Charles Quint fut le premier souverain de l’histoire à pouvoir dire que le soleil ne se couchait jamais sur son empire): concluant une longue série de guerres étalées sur cent quarante ans et menées contre trop d’ennemis, les traités de Westphalie ne sont pas seulement coûteux pour les Habsbourg; ils réduisent, morcèlent et ruinent l’Allemagne pour un siècle. Dépopulation, ruine financière et paralysie politique face aux particularismes des princes éparpillés. La dynastie des Hohenzollern va tenter de construire une Allemagne forte, au XIXe siècle, à partir d’un puzzle de 39 Etats, dont la Prusse est le chef de file. L’unification tardive de l’Allemagne, en 1871, ne l’empêche pas de rattraper en quelques années ses concurrents européens à la fois sur le plan industriel et sur le plan militaire. Ses atouts (qualité du système scolaire, de la main-d’œuvre, productivité industrielle..) sont consolidés par le versement de réparations de la France vaincue, 5 milliards de francs or, et par la conquête de deux régions nouvelles, l’Alsace et la Lorraine. Quand Bismarck devient Premier ministre, en 1862, son objectif est la grandeur de la Prusse: cinq ans plus tard, le territoire de la Prusse est enfin d’un seul tenant. Surtout, en 1871, sa victoire sur la France fait de l’Allemagne la première puissance continentale; Guillaume Ier est proclamé empereur à Versailles. Pour la première fois l’Etat-« peuple » allemand existe: le IIe Reich remplace avantageusement dans les mémoires le Ier - le Saint Empire romain germanique, disparu lors des guerres napoléoniennes après s’être vidé de toute réalité politique pendant deux siècles. Avec 41 millions d’habitants, l’Allemagne devient le pays le plus peuplé d’Europe, derrière la Russie. La structure fédérale, centrée autour de la « Petite Allemagne » (l’Allemagne sans l’Autriche),