L'autonomie en question
La question de l’autonomie de l’individu est une question complexe, complexe car l’un et l’autre des termes sont des notions multidimensionnelles traversant plusieurs champs de connaissances. En effet, si la notion d’individu relève pour nous essentiellement du champs sociologique, nous ne pouvons néanmoins pas ignorer ses dimensions psychologiques; si l’individu que nous sommes nous amène à adopter un certain mode de pensée, à l’inverse nos perceptions, nos conceptions, nos réflexions et émotions peuvent entraîner une modification de l’individu que nous sommes en nous amenant à adopter ou à renoncer à certains rôles sociaux. Nous pourrions même parler de dimensions biologiques, d’une part parce que notre mode d’être est dépendant de l’organisme que nous sommes (qu’en serait-il de notre individualité si nous avions l’odorat d’un chien, ou la capacité protéiforme du poulpe ?), d’autre part parce que nous pourrions voir l’individu autonome, en reprenant le raisonnement d’Henri Laborit dans « Dieu ne joue pas au dé », comme un jalon de la complexification du vivant en général dans sa lutte contre l’entropie et de l’homme en particulier comme adaptation au (à son) monde. Ce caractère multidimensionnel de notre individualité, c’est également ce qu’Edgar Morin expose dans « le paradigme perdu : la nature humaine » lorsqu’il considère l’apparition des premières sépultures chez l’homme de Neandertal (qui n’est même pas notre ancêtre direct, juste un stade ultérieur et malchanceux de la famille des hominidés) comme signe de développement de l’individualité consciente. Edgar Morin dit ceci : « il faut qu’il y ait une forte présence personnelle pour que l’individualité d’un mort survive auprès des vivants, il faut qu’il y ait d’intenses liens affectifs et intersubjectifs pour que ceux-ci demeurent vivants au-delà de la mort ; il faut qu’il y ait développement de ce nouvel épicentre qui est la conscience de soi dans le monde pour qu’il