L'autre est-il mon semblable
Introduction :
La sociologie, l’ethnologie, l’histoire nous mettent en présence de cultures différentes ayant chacune leur spécificité, leur mode de vie et peut-être surtout leur définition de l’homme. Devant cette diversité humaine quelle attitude adopter ? En écartant le refus pur et simple d’autrui en tant que différent, comment se situer devant cette multiplicité culturelle ? En d’autres termes, en quel sens et jusqu’où puis-je dire qu’autrui est mon semblable ?
Il faut d’abord s’entendre sur les termes et surtout analyser la notion de semblable en elle-même. Si, en effet, par semblable on entend identique, nul n’est semblable à personne. Je suis autre que mon voisin de palier et même, de moi-même, à différentes périodes de ma vie. L’expression « mon semblable », avec son adjectif possessif, vise une communauté d’appartenance : nous appartenons, de droit, à la communauté humaine. Mais, du coup, la notion de semblable devient trop large et ne distingue plus, entre mes semblables et moi-même, ce qui nous rapproche et ce qui nous différencie : elle semble niveler tout individu dans une généralité qui risque, à son tour, d’être réductrice.
Derrière cette formule « autrui est-il mon semblable ? » se profilent alors de nouvelles questions : comment reconnaître l’autre dans un rapport égalitaire, sans réduire, pour autant, sa spécificité propre (et donc aussi la mienne) ? Comment respecter en autrui sa valeur humaine universelle, tout en lui reconnaissant un droit à la différence ? Ou inversement : comment « respecter » la spécificité de l’autre sans ériger celle-ci en une forme sournoise d’exclusion ? Ou enfin : comment établir une reconnaissance réciproque qui préserve néanmoins la personnalité de chacun ? La difficulté de ces questions, on le sent bien, n’est pas vraiment au niveau des « grands principes ». Elle tient à la possibilité de définir, très concrètement, une fois ceux-ci proclamés, une bonne distance entre moi et