L'emploi
L’emploi en France depuis trente ans
Jean-Louis Dayan*
De 1975 à 2007, la France a gagné 3,5 millions d’emplois, mais la population active a augmenté de 5 millions. La progression de l’emploi n’a donc pas entièrement répondu à celle de la population en âge de travailler, bien que l’on ait observé depuis une quinzaine d’années un nouvel enrichissement de la croissance en emplois. Au cours des dernières décennies, c’est l’expansion des secteurs tertiaires, et notamment le développement des services, qui a plus que compensé le recul de l’emploi industriel. Traduisant pour une part l’externalisation des fonctions connexes à la production de biens, ce mouvement s’est accompagné d’une montée en qualification avec beaucoup plus de cadres et professions intermédiaires, et moins d’ouvriers. Les petits établissements (moins de 10 salariés) ont été les plus dynamiques avec 62 % d’emplois supplémentaires entre 1976 et 2006. Ce taux diminue régulièrement avec la taille et devient franchement négatif (– 36 %) au-dessus de 500 salariés. Statuts et formes d’emploi se sont transformés : l’emploi indépendant s’est réduit, les contrats flexibles se sont répandus. Distribués différemment parmi les secteurs et les actifs, ces derniers ont beaucoup contribué à l’intensification des mouvements d’entrée et de sortie de l’emploi. En 2007, si 17 % des actifs sont à temps partiel, 30 % d’entre eux préfèreraient travailler davantage. La population en emploi a également beaucoup changé depuis les années 1960. Plus féminine – on est aujourd’hui proche de la parité –, mieux formée, elle s’est fortement concentrée sur les âges de pleine activité (25 à 54 ans).
22,1 millions d’emplois en 1975, 25,6 millions en 2007 : à première vue, la performance de longue période de la France paraît satisfaisante.
Moins d’emplois créés que de nouveaux actifs
Loin d’être resté atone, l’emploi s’est accru au rythme annuel moyen de 110 000 créations nettes (+ 0,5 %) au cours des trois