L'espace dans guillaume d'angleterre
Guillaume d’Angleterre est un roman relativement peu évoqué dans les histoires de littérature médiévale, notamment car il pose plusieurs problèmes. Le premier est celui de son attribution : si le narrateur se présente sous le nom « Crestiiens »[1] dès le prologue, personne ne peut affirmer que l’auteur du texte est ou n’est pas Chrétien de Troyes. Se pose aussi la question de la datation du roman, inhérente à celle de son attribution : si l’on suppose que l’auteur n’est pas Chrétien de Troyes, certains médiévistes, et parmi eux Christine Ferlampin-Acher, lisent l’œuvre comme un roman parodique, un renouvellement du genre, postérieur aux textes de l’auteur champenois. Mais Guillaume d’Angleterre n’est pas seulement complexe du point de vue du paratexte, il l’est aussi par son contenu, qui mêle différents genres et inspirations.
Résumons cette histoire de famille séparée et de roi destitué puis rétabli. Guillaume et Gratienne, roi et reine d’Angleterre, vivent, très chrétiennement, à la cour. Après quelques années, la reine finit par attendre un enfant. Suite à plusieurs visions, le roi obéit à l'ordre divin et décide de partir en exil, abandonnant toutes ses richesses ; il est accompagné par sa femme qui ne peut se résigner à le laisser partir. Le couple traverse la forêt, où la reine accouche de jumeaux. Mais celle-ci, prise d’un grand appétit, veut manger l’un de ses fils. Guillaume part alors pour le port où il demande de l’aide : les marins, le prenant pour un mendiant, le suivent dans la forêt et emportent la reine. Le roi décide alors de quitter l’Angleterre en bateau : il emmène l’un des enfants au port, puis s’en va chercher le second, mais ce dernier est enlevé par un loup qui l’apporte à des marchands, sans que Guillaume puisse le suivre. L’enfant est adopté par un marchand, de même que le premier nourrisson, laissé sur le bateau, est recueilli par un bourgeois. Ayant perdu femme et enfants, Guillaume embarque pour Galvaide, où il entre au