L'espéce humaine

951 mots 4 pages
En mai 1944, à vingt-sept ans, le résistant Robert Antelme (1917-1990) est arrêté par la Gestapo puis déporté à Fresnes, Buchenwald et Gandersheim. En 1945, il échoue à Dachau où deux amis le retrouvent affaibli à l’extrême et le ramènent à Paris. Robert Antelme écrit dès son retour, en 46 et 47, L’Espèce humaine — dédié à Marie Louise, sa sœur morte en déportation — qui sera publié en 1947. Ce texte majeur est consacré à l’expérience indicible de l’homme réduit à l’extrême dénuement du besoin. C'est un témoignage bouleversant, au même titre que ceux de Georges Hyvernaud ou de Primo Levi. Marguerite Duras, qui fut son épouse de 1936 à 1947, relatera le retour de son mari des camps dans La Douleur, publié bien plus tard, en 1985.

Robert Antelme résume la double difficulté à laquelle se heurte son discours de survivant : celle d’exprimer une expérience tellement chargée émotionnellement qu’elle lui coupe littéralement le souffle ; celle de transmettre au public quelque chose qui est tellement en-dehors de la norme, que sa plausibilité lui paraît problématique. Il ne s’agit donc pas seulement de dire l’indicible, mais aussi du souci de communiquer avec celui qui n’a pas connu l’univers concentrationnaire. C’est en vue de rendre un réel à la fois existant et invraisemblable, effectivement vécu et inimaginable, c’est pour suggérer une souffrance et une monstruosité qui ne peuvent se transmettre, que Robert Antelme use d’un style nu fait de raccourcis et de juxtapositions. « Leur fureur était leur lucidité ; notre horreur, notre stupeur étaient la nôtre. » La syntaxe est réduite à sa plus simple expression, dépouillée de subordonnées et axée sur la juxtaposition. L’alternance, du on, du nous et du je, sert à prouver que tous les détenus subissent le même sort. Plus qu’à la dépersonnalisation, le système concentrationnaire vise à la déshumanisation. Si le témoin a droit a la parole, ce n’est pas seulement parce qu’il a vécu dans son corps et son esprit la condition des

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