L'expérience dans les contes
Nombre de contes peuvent se lire comme des « récits d’expérience » fictionnels. Dans un premier temps, analysez le cadre d’expérience et les modalités du développement de l’expérience elle-même dans Eugénie de Franval. Dans un second temps, élargissez votre réflexion en vous interrogeant sur la mise en forme narrative de pareils récits. Comparez pour cela Eugénie à Micromégas et à un autre conte de votre choix dans le corpus.
Connais-toi toi-même… et tu connaîtras les Dieux.
Depuis qu’il existe, l’homme a toujours cherché à se connaître, à se comprendre et à comprendre le monde qui l’entourait. La philosophie cartésienne nous montre bien que pour avoir une connaissance de soi, il faut avoir le sentiment que l’on existe (Cogito ergo sum). L’homme cherche également à expliquer la Nature et les lois qui la régissent mais qui le régissent lui-même. Pour Locke, ce n’est que par l’expérience que l’esprit prend connaissance des Lois Divines. L’homme, en faisant l’expérience de la Nature, peut alors comprendre ses Idées (morales) ainsi que ses Lois naturelles qu’il considère comme garantes d’une certaine vérité[1]. Au XVIIIe siècle, il y a une volonté de connaître l’homme naturel. Pour Rousseau, l’homme naturel est bon, c’est la société qui le corrompt. Sade nous le montre bien dans Eugénie de Franval avec Franval, homme ayant « tous les vices »[2] qui le conduiront à un crime des plus odieux : l’inceste. C’est le récit fictionnel (ou non) d’une expérience des sentiments et de l’amour qui se conclut dans la souffrance et la mort des trois principaux personnages. Voltaire, en revanche, aborde dans Micromégas une toute autre facette de l’expérience humaine : celle de l’esprit, de la raison et du savoir. En mettant en avant l’importance du voyage, Voltaire nous invite à réfléchir sur l’infiniment grand de ce qui nous entoure et sur l’infiniment petit que nous représentons. « Nous ne venons point au monde avec la connoissance des causes & des effets ;