L'expérience peut-elle démontrer quelque chose ?
Reconnaissons d’emblée que la définition de cette notion est plus vague qu’elle ne le semble au premier abord. Y a-t-il un point commun entre le fait de se méfier du verglas et une expérimentation conduite en laboratoire ? La relation de l’expérience à la démonstration doit donc être éclairée.
1. Le savoir empirique A. Le savoir-faire
« Les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en les faisant que nous les apprenons. » Cette phrase d’Aristote résume les caractéristiques du savoir empirique, c’est-à-dire acquis par expérience. Aristote définit le savoir-faire comme le résultat d’un apprentissage que nous pouvons décomposer.
D’abord, l’individu rencontre une situation dont il n’a pas la maîtrise.
De ce contact résultent certaines impressions qu’il mémorise. La répétition de ce cas de figure déclenche sa capacité à discerner des relations entre les phénomènes. S’il s’agit par exemple de nager, il apprend à coordonner des gestes et à en éviter d’autres. S’il lui faut observer le déroulement d’un processus, il s’aperçoit que tel fait suit ou entraîne d’ordinaire tel autre. De tout ceci découlent des habitudes sensori-motrices. Ceci signifie que nous avons assimilé des dispositions qui nous font associer automatiquement une perception à une action dans le but d’avoir rapidement la conduite appropriée à l’événement. Quelle est la portée de ce savoir ? B. L’habitude
Leibniz l’affirme sans détours : « nous ne sommes qu’empiriques dans les trois quarts de nos actions. »