L'impact sociologique et le pouvoir des images de la real tv
Plus près, toujours plus près. Depuis que la télé-réalité fait son cinéma et que la caméra DV (vidéo numérique) a fait son entrée en scène, on ne sait plus à quel saint se vouer pour ne pas être contaminé par la réalité. Le réel est mis à l'épreuve des écrans (1). Il est partout. Dans les séquences de «Strip-Tease», comme dans celles de «Koh-Lanta». Hier, du temps de Frédéric Rossif et de «La Vie des animaux», les critiques tentaient d'établir une hiérarchie entre le méprisé «docucu» et le documentaire «de création». Aujourd'hui, les concepteurs de télé-réalité sont en passe d'être considérés comme des auteurs. Les vrais gens font irruption sur les écrans. Ils sont juge et partie. Le point de vue du réalisateur se confond avec le sentiment de ces modèles de vie. Il y a les nuls, et les pas nuls ; le discours adolescent a pris le dessus. Sous les décombres de la représentation, seul un petit nombre rechigne. Misère symbolique, crient les uns ; voyeurisme, se lamentent les autres. Mais il faut se rendre à l'évidence. La vie en direct a gagné. La vie immédiate a vaincu la médiation.
L'insupportable, l'impitoyable, ont répondu à la demande. La démocratie sera participative ou ne sera pas. La télé sera interactive ou ne sera pas. L'opération «Loft Story» a réussi. Elle a déclenché des réactions variées, bien que la dominante fut sociologique et psychologique, rarement technique et anthropologique. Une génération élevée sous la mère aurait enfin appris à se connaître, selon le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron. «Pour la première fois, a déclaré Steevy à un téléspectateur, mon père a dit qu'il était fier de moi, et