L'incipit l'etranger - camus
La description est également source de malaise ou c'est plutôt l'absence de description qui le suscite.
Les personnages ne sont pas décrits. La mère décédée ne fait l'objet d'aucune description, alors qu'elle est au centre de la narration. Le parton, Céleste, Emmanuel, le concierge, le militaire sont réduits à leurs simples prénoms ou fonction et à leur propos. Seul le directeur de l'asile est légèrement décrit. Les lieux ne pas non plus décrits. Donc les actions n'en prennent que plus d'importance car le récit se concentre sur leur enchaînement. La personnalité des personnages est passé sous silence, il n'y a aucun signe de psychologie.
Une complète objectivité.
L'étude des temps et personnes conduit à parler de focalisation interne ( chaque événement est vu à travers les yeux du narrateur ). Cependant, l'absence de description s'accompagne d'absence totale de subjectivité, d'implication personnelle de Meursault.
→ Il exprime sa pensée et ses choix, mais sans jamais s'impliquer de façon affective. « J'ai dis oui pour ne plus avoir à parler ».
On ne sait pas pourquoi il ne veut pas parler. Le lecteur est donc amené à formuler lui-même des interprétations. L'impression de neutralité est totale. Les auto corrections vont dans le même sens, en montrant la volonté ferme de ne dire que le vrai : « aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier. Je ne sais pas ».
Être au plus près du réel.
On se demande alors le but de ces exigences du récit. Est-ce dans un but réaliste ? Mais l'absence de description tend à évincer ce choix du réalisme.
→ C'est au plus près de la conscience de Meursault que cette écriture nous place.
Conclusion.
Un incipit particulièrement déconcertant. Le lecteur est coupé des codes habituels du genre romanesque, il est placé devant la conscience d'un personnage dont il peine à comprendre le fonctionnement. Le lecteur ne trouve pas les réactions émotionnelles attendues. Le malaise créé chez le