L'iran est-il soluble?
Don Quichotte sur un tapis persan
Par Bruno Tertrais Maitre de recherche à la fondation pour la recherche stratégique, Membre du conseil d’orientation scientifique de Terra Nova Le 7 Juillet 2008
L’article de Jean-François Bayart publié le 3 Juillet dernier par Terra Nova était annoncé comme une contribution à un débat d’envergure, celui de la politique à adopter vis-à-vis de l’Iran. Ce débat continue, grâce à une contribution de Bruno Tertrais, maître de recherche à la fondation pour la recherche stratégique.
L’ambassade d’Iran à Paris et le très actif lobby pro-iranien en Europe ont dû se réjouir des deux notes récemment publiées par Jean-François Bayart sur Terra Nova, qui critiquent de manière très vive les politiques occidentales vis-à-vis de Téhéran. Ces textes nécessitent une réponse tant l’affaire iranienne, qui mêle tous les grands enjeux stratégiques de ce début de siècle – prolifération, terrorisme, approvisionnements énergétiques, démocratie au Moyen-Orient – est importante. On a, bien sûr, le droit de vilipender la politique suivie par Washington et par Paris dans ce domaine, et le débat sur la meilleure ligne diplomatique à suivre est évidemment bienvenu. De même est-il tout à fait légitime de s’interroger sur l’efficacité des sanctions actuelles. On a aussi le droit de considérer, comme semble le suggérer l’auteur, que la défense des intérêts économiques de la France et de l’Europe en Iran devrait primer sur les enjeux stratégiques mondiaux qui ont été rappelés plus haut, ou qu’il faut à tout prix respecter la nouvelle « puissance émergente » qu’est l’Iran révolutionnaire. Un tel choix s’inscrirait après tout dans une grande tradition française – que l’on avait vue à l’œuvre vis-à-vis de l’Irak de Saddam Hussein dans les années 1980. Mais il n’est pas convenable de le faire à coup de procès d’intention. C’est ce qui caractérise en particulier le premier texte diffusé1. La méthode est des plus classiques : il s’agit de caractériser de