l'ironie dans Candide
L'ironie est l'arme de Voltaire contre les diverses formes d'injustice qui affligent la société de son temps. Elle se présente de cinq manières :
1 Les formules clichés des romans à l'eau de rose. Voltaire emploie ce langage à la "roman Harlequin" par dérision.
L'ironie porte ici sur la nature de la formulation. Le monde sordide qu'il décrit et déplore se trouve bien à l'opposé de l'imaginaire ouaté des clichés de l'amour-carte postale. En voici quelques exemples. Ils sont tirés du chapitre I.
"Elle [Cunégonde] rencontra Candide en revenant du château, et rougit; Candide rougit aussi; elle lui dit bonjour d'une voix entrecoupée, et Candide lui parla sans savoir ce qu'il disait [...] Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa; elle lui prit innocemment la main ; le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière[...]"
2 Les exagérations. On pourrait distinguer entre trois types d'exagérations :
2.1 les exagérations des faits : "[Candide] avait appris à tirer chez les Bulgares, et il aurait abattu une noisette dans un buisson sans toucher aux feuilles." (chap. XVI) De même chap. I, « les 71 quartiers et la baronne de 350 livres
2.2 les exagérations des circonstances :"leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s'égarèrent." (chap. I). On aura noté également l'effet comique des répétitions qui augmente l'intensité de l'ironie. De même, le sage et tendre Candide devient tout à coup un soldat exemplaire (chap. X).
2.3 les exagérations des traits de caractère : la confidence à Candide du fils Thunder-ten-thronckh sur sa beauté :
"Vous savez, mon cher Candide, que j'étais fort joli; je le devins encore davantage [...]" (chap. XV). Cunégonde (XI) et la vieille (XII) vanteront avec extase leur propre beauté.
3 les contrastes. On en trouve deux types.
3.1 les contrastes entre les paroles