L'oeil caméra de mathias dans le voyeur de robbe-grillet
DANS LE VOYEUR D’ ALAIN ROBBE GRILLET
Dans les années soixante l’influence cinématographique sur le Nouveau Roman soulève un débat parmi les théoriciens et les nouveau romanciers eux-mêmes. Jean Ricardou par exemple a toujours récusé cette influence. Pour lui, le Nouveau Roman et le cinéma sont radicalement différents. D’autres nouveaux romanciers comme Claude Ollier, Claude Simon et Alain Robbe-Grillet avaient des avis partagés à l’égard du cinéma dont tantôt ils exaltent, tantôt ils minimisent le rôle. Cette notion d’influence cinématographique concerne en particulier Alain Robbe-Grillet parce qu’il est en même temps romancier, cinéaste et réalisateur. Il a commencé sa carrière cinématographique en 1961 en tant que cinéaste ( avec le scénario et les dialogues de L’Année dernière à Marienbad ), et en tant que réalisateur en 1963 avec son film L’Immortelle. Néanmoins ses romans publiés dans les années cinquante montrent à quel point son esthétique romanesque s’inspire du septième art. En témoigne la présence de procédés qu’on rattache le plus souvent au cinéma, comme le monologue intérieur, le traitement du temps (passage abrupt du présent au passé et vice versa), l’imitation du mouvement de la caméra… Dans le présent travail j’ai choisi de travailler sur Le Voyeur, roman publié en 1955. Il n’est pas très connu ; pourtant il est caractérisé par la présence de procédés typiquement cinématographiques. J’essaierai de montrer comment l’œil du personnage principal, Mathias, devient une sorte de caméra, par la façon d’approcher les objets, de tourner autour d’eux et de les saisir. Il est vrai que La Jalousie, publié deux ans après Le Voyeur, est, parmi les romans de Robbe-Grillet, celui qui représente le plus ce procédé. Il est aussi beaucoup plus connu. C’est pourquoi je parlerai du Voyeur. Rappelons que dans La Jalousie le point de vue est fixé dans la conscience d’un personnage absent du champ de vision, présent