L'oral vs l'écrit
À l'origine, la trace écrite n'avait pas vocation à transcrire le langage oral. Ce n'est que poussé par la nécessité de communiquer sa pensée au-delà du temps et de l'espace que l'homme a construit peu à peu l’écriture telle que nous la connaissons.
Toutefois, alors que les lettres de notre alphabet permettent de construire des correspondances entre la trace écrite et les sons du langage, comment se fait-il « qu’il soit si simple d’apprendre à parler et si laborieux d’apprendre à lire et à écrire ? » comme le souligne Jesús Alegría. La question qui se pose tout d’abord est donc celle de la différence entre l'appropriation du langage écrit et l'appropriation du langage oral.
I. Les différences relevant du code :
1- L’oral est régi par les sons, accompagnés ou non d’un vecteur visuel (le non-verbal).
2- L’écrit est régi par le signe graphique, c’est-à-dire le visuel et le geste scriptural.
La langue orale française utilise 36 phonèmes (environ, cela varie selon les locuteurs et les régions, dans certaine région on ne réalise plus, par exemple, l’opposition entre « brun » et « brin ») alors que la langue écrite ne dispose que de 26 lettres. Pour transcrire ces phonèmes on recourt donc à des digrammes : « an » pour [ã].
Certaines lettres ne sont pas prononcées (le « t » dans « petit » qui permet de construire la forme féminine, les lettre à valeur phonogrammiques : “e” dans la suite “gea”)
La correspondance graphie // phonème n’est pas univoque : un même phonème est transcrit par différentes graphies : [o] : « o », « au », « eau » et une graphie peut avoir différentes valeur phonique : « t » dans attention a deux valeurs : [t] et [s].
Un certain nombre de faits phonétiques ne sont pas rendus à l’écrit : la longueur des phonèmes, l’accentuation, la prosodie ...
Le découpage en syllabe n’est pas identique à l’oral et à l’écrit : « une table » : 4 syllabes écrites « u-ne ta-ble » et 2 syllabes orales : [yn – tabl].