L'unanimité est-elle un critère de vérité ?
Il n’y a jamais eu en aucun temps et en aucun pays autant de poètes dont les œuvres sont publiées, que dans notre pays. Pourtant, il semble que les lecteurs de poésie d'ici ne sont pas plus nombreux qu'ailleurs. Cela tient sans doute à ce que beaucoup de gens croient que la poésie est un langage indéchiffrable, si on ne possède pas la clé cachée pour la comprendre.
À mon sens la seule clé qui existe pour comprendre et aimer la poésie c’est: la poésie elle-même. Parce que, comme le dit Gaston Bachelard : «le poète est celui qui a le pouvoir de déclencher le réveil de l’émotion poétique dans l’âme du lecteur». Le grand poète, Paul Eluard, affirmait lui : «que le poète est plus celui qui inspire que celui qui est inspiré». Donc la vraie poésie est la seule qui parvient à éveiller de l’intérêt chez le lecteur. La vraie poésie s’adresse directement, sans passer par l’intellect, au poète qui réside en chacun de nous. Car nous sommes tous poètes. Nous sommes tous capables de nous émerveiller, de ressentir une émotion poétique devant un paysage,- devant la beauté. Mais comme les images assez fortes pour réveiller notre instinct poétique ne se présentent pas constamment devant nous- le poète s’en charge. Le poète a donc pour mission de multiplier en nous les moments d’émotions intenses que nous vivons quand nous prenons conscience de la beauté autour de nous. Il le fait par l’éclat de son langage et par l’abondance des images qu’il nous offre. Le poète s’efforce de réveiller le poète endormi en nous. Il nous empêche de perdre conscience de la beauté du monde. Ce qui est fort important. Car la beauté est l’art pur. Elle est ce qui nous console de vivre.
La poésie est aussi un jeu du langage. Pour exprimer la beauté le poète utilise les mots, les sonorités, le rythme. Le poète joue avec les sons et par là, inconsciemment, reproduit un plaisir oublié de son corps : le jeu des sons. La poésie sort du plus profond de l’enfance du