Le gouvernement a su exploiter au maximum ces atouts et a fait preuve d'un dynamisme incontestable. À tel point que le terme de libéralisme doit être relativisé, car l'impulsion est surtout venue de l'État, qui s'était donné des instruments d'intervention extrêmement puissants : Caisse de stabilisation (commercialisation des produits d'exportation), Budget spécial d'investissement, Caisse autonome d'amortissement, « Sodé » (sociétés publiques chargées de développer telle ou telle production). Des résultats spectaculaires ont été obtenus, spécialement dans le domaine des produits d'exportation : bois (acajou), huile de palme, oléagineux, caoutchouc, fruits tropicaux (agrumes, bananes), coton, café et, surtout, cacao, dont la Côte d'Ivoire est devenue le premier producteur mondial. L'industrie, tournée vers la transformation des productions agricoles (huileries, café soluble, textiles…), et le tourisme ont également connu de notables progrès tandis que les infrastructures étaient considérablement développées. En revanche, le volontarisme de l'État n'a pas été couronné du même succès lorsqu'il s'est agi de limiter la dépendance du pays à l'égard d'importations essentielles (énergie, viande, riz, sucre) : des erreurs de conception ont été commises (le barrage de Kossou, par exemple, ne peut pas produire d'électricité dès que la pluviométrie est inférieure à la moyenne) et, surtout, la lourdeur des dispositifs mis en place s'est traduite par des coûts de production nettement supérieurs aux prix du marché mondial. Cette croissance à marche forcée des années 1960 et 1970 a marqué le pays pour longtemps. Elle a entraîné, outre l'urbanisation, la formation d'une minorité bourgeoise rapidement enrichie, aux confins des affaires, de la politique et de l'administration, assez peu disposée à céder de son pouvoir et de ses privilèges. Elle a, par ailleurs, abouti à une forte dégradation du milieu forestier, avec des conséquences écologiques et climatiques qui