L'éloge de l'ombre
L’éloge de l’ombre
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Matthieu Monnard
2012 | BREF RESUME Ce livre, sous forme d’essai, est un plaidoyer pour la valeur esthétique de l’ombre dans la civilisation japonaise, obscurité effacée par l’ère Meiji et la révolution industrielle sous influence occidentale. Le plus notable événement étant l’irruption de la fée électricité dans les foyers sombres de l’archipel. Tanizaki explique, en 1933, comment la civilisation japonaise contrainte à vivre depuis toujours à la lumière des bougies ou lampes à pétrole a pourtant su se servir de l’ombre et de la sobriété en vue d’obtenir des effets esthétiques. A travers de nombreux exemples, le discours de l’auteur permet de mieux comprendre la couleur des laques, la texture du papier japonais, le goût prononcé pour la patine des objets, le galbe d'une pierre de jade, les teintes des costumes du théâtre Nô, le canon de la beauté féminine pré-Meiji, l’architecture japonaise construite sur différents niveaux d’opacité, le silence et la pénombre des espaces vides, jusqu’ à la sobriété des gestes de politesse ou des techniques culinaires. Un raffinement tout en ellipses. Si ce texte enseigne un art de vivre, c’est aussi une invitation à philosopher, une réflexion sur la conception japonaise de la beauté qui selon l’auteur « n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre. » CONCEPTES
Le Japonais rejette tout ce qui est neuf, bruyant, fébrile ; il préfère ce qui est doux, calme, mélodieux, assourdi. Les japonais aiment le bois, les demi-teintes, la demi-obscurité, tandis que l'occident préfère la pleine lumière, le métal, l'émail. Ce contraste s'exprime