L’Incipit de l’étranger A. Camus
(1942)

Camus est un romancier, dramaturge, journaliste, essayiste, résistant. C’est donc une figure essentielle de la littérature et de l’intellectuel engagé dans les luttes et les débats de son temps. Le début de la 2nd guerre mondiale marque pour Camus le début de sa pensée sur l’absurde qui entraina 3 œuvres un essai(Le Mythe de Sisyphe), une pièce(Caligula) et un roman (l’étranger). Publié en 1942, ce dernier met en scène Meursault, le narrateur qui raconte sa vie.
Cet extrait est l’incipit dont la première phrase « Ce matin Maman est morte » est restée célèbre. Ce début du roman déroute le lecteur. Nous nous demandons pourquoi et essayons de déterminer pourquoi ce sentiment de malaise persiste après la lecture, en déduire les implications des constructions personnelles. Enfin, nous verrons que ce personnage évolue dans un univers absurde.

I. Le dispositif énonciatif- une énonciation ambigüe.

1.
Technique narrative originale. « Je » très présent, nombreux marqueurs temporels, impression de journal intime, mais pas la forme (pas de date ni note), emplois des temps du présent, passé composé, futurs.
Discours, mais récit chronologique, narration et contenu simultané.
2.
Meursault n’a pas de recul, évènement présent.  Pas de sentiment, uniquement des sensations.
Point de vue interne, mais lecteur gommé, je = il.
Pas de lieu, pas de paysage, tout est gommé, le lecteur doit tout supposer.
Oralité, phrase simple. Pas de lien logique (=asyndète)
3.
Ton neutre, focalisation interne, pas d’implication personnelle, point de vue objectif. Le lecteur doit formuler lui-même ses interprétations. Volonté de montrer le vrai d’où les autocorrections.
Rupture avec les codes traditionnels du roman et de l’incipit, nouvelle écriture, découverte d’un personnage étrange.
II. Un personnage ambigu.

Déroutant à cause de ces propos, monologue intérieur. Personnage indécis, succession d’actions mécanisées, (=non humain).