L appel
Ce passage est extrait du roman autobiographique de Charlotte Delbo « Aucun de nous ne reviendra », il a été publié en 1970. L'extrait étudié ici se nomme « L'Appel », il se situe au début du roman (pages 37-39). Dans cet extrait, Charlotte Delbo décrit les conditions inhumaines qui caractérisent l'appel des SS et la dureté de ces derniers. Dans quelles mesures le témoignage de Charlotte Delbo prouve t-il que l'Homme est capable de s’accoutumer à la souffrance tant morale que physique ? Dans une première partie nous verrons que l'horreur qualifie le mode de vie mis en place au sein des blocks, puis, dans une seconde partie, nous verrons que le phénomène de regroupement de personnes décuple la peur.
Nous pouvons affirmer que l'horreur, fait partie intégrante de la vie des déportés, puisque la narratrice décrit les terribles conditions de l'appel, supplice quotidien imposé aux prisonniers. L'appel est en effet une véritable épreuve de survie pour le corps humain : « dans la neige » , « sans avoir mangé » «sans avoir dormi ». L'auteur insiste sur le fait que les personnes retenues à l’intérieur des camps sont privées des éléments nécessaire à la survie, à savoir le sommeil, et la nourriture. De plus, en utilisant le mot « sans », Charlotte Delbo insiste sur le fait que les déportés sont déchus de tout artifices, que ce soit au niveau des vêtements ou bien encore de la nourriture, ils n'ont droit à rien, ils doivent se suffire à eux mêmes. Pour souligner la situation invivable dans laquelle ils se trouvent, elle interroge le lecteur : « Qui peut supporter ce froid pendant des heures ? » « Qui peut rester debout immobile des heures? ». Ce procédé permet à Charlotte Delbo d'immerger le lecteur au sein de sa propre histoire afin qu'il puisse mieux en saisir l’atrocité, qu'il vive le récit de l'intérieur. L'auteur introduit la notion de durée à plusieurs reprises,