L initiation au voyage
A la fin de l’année 1664, Molière dont le
Tartuffe
vient d’être censuré décide d’écrire
Dom Juan
. Il reprend un mythe qui parcourt toute l’Europe, un mythe bien connu du pub lic du XVIIème siècle. En cette période classique, règne de « l’honnête homme », le personnage espagnol excessif intéresse le moraliste qu’est Molière mais, non sans ambiguït é, le dramaturge en fait également un porte-parole des esprits forts de son temps, du libertinage d’esprit, de bien des critiqu es qu’il dirige contre l’Eglise et contre la toute puissante Compagnie du Saint Sacrem ent. La tirade qui est portée à notre attention, extrait e de l’Acte I, scène 2, révèle pour la première foi s au spectateur le héros éponyme préalablement évoqué en termes peu élogieux par Sganarelle. Dans cette scène d’exposition, le
« grand seigneur méchant homme » répond par un éloge de l’inconstance aux re montrances de son valet qui lui reproche sa conduit e dissolue. On assiste dans cette scène à une démonstration de la puissanc e verbale de Don Juan ce qui nous amène à nous dema nder comment Don Juan essaye de convaincre Sganarelle et ce que cet art r hétorique révèle du personnage..
Nous répondrons à cette question à la faveur de tro is axes. Nous verrons tout d’abord comment se fait l’éloge de l’inconstance ; puis nous montrerons que ce texte e st également un plaidoyer visant à disculper le séd ucteur ; enfin nous nous pencherons sur le portrait que le héros brosse de l ui-même. * * * * * * *
Cette tirade permet à Don Juan de répondre à Sganar elle et d’exposer une vision de l’amour qui fait du personnage un mythe au point de donner une expression par antonom ase. Don Juan déclame un éloge de l’inconstance en réponse aux remontrances de son valet. Les procédés argumentat ifs se multiplient dans le texte pour faire un élog e paradoxal. En effet Don
Juan porte aux nues une attitude généralement répro uvée, décriée