L'interactionnisme symbolique
Introduction
L’interactionnisme symbolique est l’une des formes de la sociologie compréhensive. Sociologie d’origine américaine, on en trouve les prémisses surtout chez Simmel. Des sociologues de Chicago comme Robert E. Park ou William C. Thomas en donnent les premières formulations. G. H. Mead lui confère une matrice théorique dont l’influence est considérable. H. Bulmer en fait un courant de pensée qui se cristallise vers la fin des années 1950, non en école homogène mais en une poignée de sensibilités proches. Dès lors l’interactionnisme réunit des noms importants de l’histoire de la sociologie : E. C. Hugues, R. H. Turner, A. Strauss, T. Shibutani, M. H. Kuhn, E. Freidson, D. Glaser, E. Goffman, H. Becker, etc…
Pour G. Simmel (1858-1918), la notion d’action réciproque est essentielle. Les relations sociales ne sont pas univoques. Elles produisent des effets de réciprocité. L’interaction est déjà pour Simmel un principe d’analyse, même s’agissant par exemple du conflit. « La socialisation se fait et se défait constamment, et elle se refait à nouveau parmi les hommes dans un éternel flux et bouillonnement qui lient les individus, même là où elle n’aboutit pas à des formations d’organisations caractéristiques. Les hommes se regardent les uns les autres, ils se jalousent mutuellement, ils s’écrivent des lettres et déjeunent ensemble, ils éprouvent sympathie et antipathie par-delà tout intérêt tangible. En tant qu’elle se réalise progressivement, la société signifie toujours que les individus sont liés par des influences et des déterminations éprouvées réciproquement. La société n’est pas dans ce cas que le nom donné à un ensemble d’individus, liés entre eux par des actions réciproques ». Cet univers d’interactions est pour Simmel un univers de significations partagées, mises en jeu à travers une constante opération de liaison et de fermeture qui fait du pont (qui relie) et de la porte (qui ferme et ouvre) des