l'union européenne a-t-elle une vision géopolitique ?
Les Allemands Friedrich Ratzel et Karl Haushofer, les Anglais Alfred Mahan et Harold MacKinder, même s’il est toujours possible de trouver des précurseurs plus ou moins loin dans les temps, les « pères » de la géopolitique sont originaires de l’Europe de la fin du
XIXème siècle, vivant dans une Europe à la fois dominante et en proie aux rivalités internationales ‐ pour ne pas dire nationalistes.
Appartenant à un monde scientifique fortement imprégné par les sciences naturelles et le darwinisme, ces fondateurs ont dessiné d’emblée une géopolitique mondiale, très européocentrée et dans laquelle, l’espace est facteur de puissance pour un Etat. Dans cette nouvelle science de l’Etat où la métaphore organiciste est omniprésente, les Etats, comme tout organisme, doivent veiller à leur survie et leur développement. La puissance continentale qui contrôlera le Heartland pour McKinder se trouvera ainsi obligatoirement confrontée à la puissance navale du Rimland. La géographie d’un pays détermine son rapport au monde et la géopolitique devient ainsi l’outil, le moyen et la justification d’une domination, jusqu’à l’instrumentalisation qui en sera faite par l’Allemagne nazie développant son Lebensraum.
Née de ces décombres, la construction européenne ne pouvait que tourner le dos à pareille géopolitique, totalement discréditée par ailleurs, et pour longtemps. C’est évidemment sur d’autres bases que sa renaissance se fit à partir des années 1970, mais renaissance il y eut bien, et au‐delà, le terme de géopolitique faisant aujourd’hui florès. Tout espace, quels que soient sa taille ou ses critères de délimitation, tout phénomène, tout groupe humain, pas seulement les Etats, est ainsi passé au crible de ce qui est devenu un domaine spécifique du savoir. La géopolitique, naguère assujettie à la géographie, est en passe de devenir une science globale, totalisante, voire impérialiste. Totalement réhabilitée, elle a