Publié en 1965, Une saison dans la vie d’Emmanuel de Marie-Claire Blais met en scène une famille nombreuse à la campagne. Représentant l’avenir, les enfants y sont souvent comparés à une «marée » (p.11) et à un « déluge » (p.12). Si les enfants peuvent être comparés à la force de l’eau en raison de leur nombre et de la possibilité qu’ils détiennent de faire changer les choses, il importe de se questionner sur la capacité de la nouvelle génération à s’extirper de du dégel de « l’hiver duplessiste1 » avec sa « neige sale et fondante2». Il peut être pertinent d’étudier l’éducation dans Une saison dans la vie d’Emmanuel puisque l’imagerie populaire la considère souvent comme porteuse de changement. Même si elle est perçue de façon négative par certains personnages, l’éducation semble donner une voix et une place aux personnages dans l’œuvre de Marie-Claire Blais. Cette voix est particulièrement intéressante chez Grand-Mère Antoinette et chez Jean le Maigre, un jeune adolescent écrivain qui rédigera une autobiographie fictive dans laquelle il soulignera plusieurs travers de son époque.

Tout d’abord, à l’étude de l’éducation et de l’école dans Une saison dans la vie d’Emmanuel, il apparaît évident que la majorité des personnages ne semble pas accorder une importance accrue au savoir et à l’instruction dans Une saison dans la vie d’Emmanuel. Dans cette famille nombreuse, seuls quelques personnages échappent à l’analphabétisme. En effet, le texte laisse croire que seuls Pomme, Jean le Maigre et le Septième fréquentent les classes de Mlle Lorgnette. Quant à Héloïse, on peut penser qu’elle a bénéficié d’une éducation minimale puisqu’elle est en mesure de lire les petites annonces dans le journal (p.138). Si les garçons aînés ont fréquenté l’école, ceux-ci semblent avoir abandonné leurs études au profit du travail manuel, seule forme de travail qui trouve grâce aux yeux du père. Les filles de la famille ne semblent pas profiter d’une formation académique non plus : en