L’expérience est-elle critère de vérité ?
On connait l’expérience sous ces deux aspects : celui de quelque chose qui s’éprouve, d’une part et celui de quelque chose qui s’expérimente d’autre part. L’expérience apparaît donc de prime abord comme une science du relatif, du probable et du particulier. A l’opposé, on connait la vérité sous ces deux aspects : celui de bien suprême, d’une part et celui de savoir absolu, d’autre part. La vérité apparaît donc comme cela qui est contraire à l’opinion et qui est science de l’universel. Avant de se demander si la vérité est du domaine du possible, il s’agit de relever un premier paradoxe : en quoi une science du particulier peut-elle être critère, c’est-à-dire moyen d’évaluation ou point d’appui, pour un savoir universel ? Il semble que l’expérience, en tant que cela qui s’éprouve, soit cela déterminé par l’opinion, c’est-à-dire par une subjectivité immanente au sujet qui fait l’expérience et qui est aussi un commun particulier ; alors, il semble qu’il n’y est aucun moyen possible pour atteindre une vérité objective et transcendante. L’opinion n’est pas vérité. Pourtant il existe une autre expérience qui, du domaine de l’expérimentation et de la démonstration, se donne pour objectif la vérité : c’est l’expérience scientifique. La science a toujours eu recours à l’expérimentation pour établir une vérité, c’est-à-dire qu’il y a alors nécessité de l’expérience pour atteindre la vérité. Ce qui peut expliquer et justifier cette vision des choses, c’est que la vie et ses phénomènes étudiés par la science est équivalent à l’expérience. L’homme ne la connait que par son expérience sensible avant de la rendre intelligible. L’expérience et la vérité ne s’apparente ainsi plus à deux notions contradictoires. Cela signifierait alors que seule l’expérience permet d’atteindre la vérité. Jusque dans la vie quotidienne, on pense souvent que pour atteindre une vérité, l’expérience est nécessaire : « on apprend de ses erreurs ». C’est ici