L’innovation technique peut elle nuire à la création artistique ?
L’histoire nous montre que les beaux-arts (la peinture, la sculpture, la musique, la littérature, etc.) ont longtemps été considérés comme des techniques qu’il convenait d’apprendre : de là, l’enseignement des arts plastiques dispensé par des maîtres dans les ateliers, puis dans les écoles de beaux-arts, l’enseignement des arts du langage dans les collèges, etc. toutefois, on constate aujourd’hui un certain déclin des enseignements traditionnels. Pour l’opinion moderne, en effet, un véritable « artiste » est une personne qui a du talent, ou même du génie, degré supérieur du talent. Or, le talent est défini comme une aptitude naturelle, un don inné, quelque chose qui ne peut s’acquérir : on naît artiste, on ne le devient pas. Dès lors, l’apprentissage d’un art est saisi comme une chose secondaire, un peu superflue, voire comme une entrave au génie qu’il conviendrait de laisser librement s’exprimer dans son jaillissement créateur, en dehors de toute contrainte technique apprise et par là même susceptible de réduire l’originalité et de corrompre l’authenticité de l’artiste. Le problème se pose donc de savoir quelle est la valeur d’une telle opinion, de savoir si le génie de l’artiste exclut réellement tout apprentissage technique qui nuirait à la création artistique.
Partie 1 : les beaux-arts, arts du génie
Idée 1 : l’art n’est pas une simple application de la science l’art au sens large correspond au grec techné : c’est une application de la connaissance mais elle n’est pas automatique si on possède la science nous pouvons apprendre de manière théorique tout en étant incapable d’appliquer nos connaissances : notre connaissance théorique ne nous donne pas l’habileté physique nécessaire.
Idée 2 : technique et habileté peuvent s’enseigner l’habileté peut elle s’acquérir ? oui l’aptitude à produire le beau, ce qu’on nomme le génie ne paraît pas pouvoir s’apprendre
Partie 2 : le génie