L’éternel retour du mythe de phèdre.
Constantina SPILIOTOPOULOU Université Paris-IV, Sorbonne.
« Plus que de changer le monde ou que de provoquer une prise de conscience, il s'agit de porter témoignage à long terme, de constituer un point d'appui pour quiconque, à son heure, voudrait s'en saisir en fonction de son expérience particulière. » Yannis Ritsos
Le phénomène mythique et le phénomène littéraire existent ensemble : à l'intersection des ensembles qu'il se joue, le jeu de la répétition et de la variation, du même et de l'autre[1]. D'une part, le mythe s'est vu reconnaître une identité et une légitimité incontestables comme mode symbolique d'appréhension de l'expérience humaine; d'autre part, il n'est plus réservé au seul mode de pensée archaïque, à la civilisation traditionnelle, mais son polymorphisme lui permet de structurer et d'orienter représentations et actions même dans les sociétés à représentations et normes rationnelles. Cela dit, le mythe invite à une pluralité de lectures, selon les circonstances de sa réactualisation. Dans cette optique, en étudiant les modes de présence littéraires surtout dramatiques nous visons à une meilleure compréhension au cours des siècles des enjeux de la reprise sur Phèdre par divers créateurs ainsi que des composantes ou des implications de ce mythe qui intègre toujours dans les ambiguïtés de sa composition, une part de mystère, d’effroi. Au sein de la mythologie grecque, Phèdre jouit d’une place à part car elle consiste en une figure à venir dans des textes nouveaux tandis que d’autres figures comme par exemple celle de Prométhée semblent plus ou moins périmées ces dernières décennies. L’histoire de la marâtre, incapable de maîtriser son amour pour le fils de son mari, a inspiré une pléthore d’ œuvres littéraires et artistiques de sorte que son personnage devenu légendaire a pu passer dans la sphère du mythe. Au moment de l’avènement de la