maison kabyle
PIERRE BOURDIEU
L'intérieur de la maison kabyle présente la forme d'un rectangle qu'un petit mur à claire-voie s'élevant à mi-hauteur divise, au tiers de sa longueur, en deux parties: la plus grande, exhaussée de 50 cm environ et recouverte d'un enduit d'argile noire et de bouse de vache que les femmes polissent avec un galet, est réservée aux humains, la plus étroite, pavée de dalles, étant occupée par les bêtes. Une porte à deux battants donne …afficher plus de contenu…
A la naissance d'un garçon, on fait le vœu qu' "il soit la poutre maîtresse de la maison" et quand il accomplit le jeûne rituel pour la première fois, il prend son premier repas sur le toit, c'est-à-dire sur la poutre centrale (afin, dit-on, qu'il puisse transporter des poutres).
Nombre de devinettes et de dictons identifient explicitement la femme au pilier central : "la femme du père de mon père porte le père de mon père qui porte ses filles" ; "l'esclave étrangle son maître" ; "la femme sou- tient l'homme"; "la femme, c'est le pilier central." A la jeune mariée, on dit : "Que Dieu fasse de toi, le pilier planté solidement au milieu de …afficher plus de contenu…
Dewulder, "Peintures murales et pratiques magiques dans la tribu des Ouad- hias", Revue Africaine, 1954, pp. 14-15.
14 Le jour de tharurith wazal (8 avril du calendrier julien), tournant décisif de l'année agraire, entre la saison humide et la saison sèche, le berger va très tôt, le matin, puiser de l'eau et en asperge la poutre centrale; lors des moissons, la dernière gerbe, coupée selon un rituel spécial (ou un épi double), est suspendue, pour y rester toute l'année, à la poutre centrale.
16 De la jeune mariée qui s'adapte bien à la nouvelle maison, on dit tha'mmar, c'est- à-dire, entre autres sens (cf. n. 30, p. 751), "elle est pleine" et "elle emplit".