L’éducation L’éducation de Sadie dans Lignes de faille
Comme le récit est « à rebours », le lecteur rencontre d’abord l’adulte qu’est devenue Sadie: une mère absente et une femme nerveuse, qui voue son existence à des recherches sur l’enfance de sa mère, et de ce fait sur le « Lebensborn ». Puis, son enfance est présentée, et on assiste alors à l’étrange éducation que Kristina donnait à sa fille et à la naissance des questionnements de la jeune Sadie. L’enfant a effectivement été confiée à des tuteurs jusqu’à l’âge six ans : les Kriswaty, le même couple qui a élevé Kristina. Ainsi, Sadie vit un manque d’affection, confiant par exemple au lecteur que sa grand-mère « ne veut pas ruiner son rouge à lèvres en [lui] donnant un vrai baiser » et qu’elle n’est d’ailleurs pas certaine que sa tutrice « sait ce que c’est. »[12] Elle admire et idéalise sa mère qui ne s’investit pourtant pas dans son rôle parental, ne lui rendant visite que rarement, trop occupée dans sa carrière artistique. Comme Sadie évolue dans un monde de performances dans lequel elle a de la difficulté à s’intégrer, inscrite en effet à un collège privé où elle n’a aucune amie, elle développe un « surmoi » très fort. Elle imagine notamment une voix qui lui dicte comment se punir quand, à son avis, elle a fait quelque chose de honteux. Kristina ne parle jamais de son passé à Sadie. C’est le jour où Luth réapparaît dans la vie d’Erra que l’enfant apprend que sa mère a déjà vécu en Allemagne. Elle épie en effet leurs ébats par le trou de la serrure et les deux victimes du « Lebensborn » se parlent alors en langue germanique. Il s’agit d’une expérience traumatisante pour la fille de Kristina : elle voit sa mère, qu’elle percevait comme parfaite et vertueuse, tromper son beau-père auquel elle était très attachée. Ses idéaux tombent par conséquent, et la jeune fille se retrouve sans repères :
Mais si maman est allemande ça veut dire que les Kriswaty ne sont pas ses parents, ce qui veut dire qu’ils ne