Étude d’une mise en scène de la comédie Le Jeu de l’amour et du hasard de MARIVAUX
Les costumes souligneront davantage les préjugés que chaque classe a sur l’autre que la réalité vestimentaire de celle-ci. Un peu comme ces nouveaux riches qui sont souvent « à côté » des codes, et ne sont jamais tout à fait crédibles. Inévitablement, il y a aussi cette notion de carnaval, puisqu’il y a travestissement. Le carnaval, on le sait, était le moment où l’on bousculait la normalité, où l’on avait le droit de parler à ses dieux et à ses démons. J’ai lu qu’à Babylone avait lieu un carnaval où l’on prenait un prisonnier qu’on mettait pendant sept jours à la place du roi. Pendant sept jours, il mangeait dans le palais, s’habillait comme le roi, couchait avec ses femmes... Puis, le septième jour, on le fouettait jusqu’à le mettre à mort, telle une offrande aux dieux. Il y a là quelque chose de tragique qui, chez Marivaux, résonne sur le plan intime, sentimental. Même si cela peut paraître très « précieux », c’est au fond très triste, car les personnages se font vraiment très mal. Derrière le côté artificiel, il y a des cicatrices, des blessures profondes. Espérons quand même qu’à la fin ces deux couples trouvent quelque chose qui ressemble à de l’amour. C’est ce qui les sauverait de tout le reste. Car ils ont beaucoup perdu pendant la pièce.
Galin Stoev juillet 2011
Propos recueillis par Laurent Muhleisen, conseiller littéraire de la Comédie-Française
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