Évolution du contentieux administratif marocain
Mohammed Amine BENABDALLAH Professeur à l’Université Mohammed V Rabat-Souissi
Depuis son institution en 1913, le contentieux administratif (1) a connu une évolution que l’on peut présenter en deux étapes (2). Celle au cours de laquelle il se caractérisait par l’unité de juridiction et la dualité de droit, et qui a duré jusqu’en 1994, l’année de l’entrée en fonction des tribunaux administratifs. Et, une seconde, qui, depuis cette date, s’étend jusqu’à aujourd’hui et qui se caractérise par une semi-dualité de juridiction et une dualité de droit (3). On ne reviendra pas sur ce point qui avait suscité un débat au lendemain de la publication du projet de loi instituant les tribunaux administratifs (4). Pas plus que l’on ne se préoccupera de l’ensemble de la première étape sur laquelle il y a eu suffisamment d’écrits et qui ne relève plus que de l’histoire (5). Ce que l’on se propose, c’est de voir, pour être fidèle au thème de notre colloque, quelle a été l’évolution contrastée de ce contentieux au travers duquel on peut aisément tracer les grandes lignes des relations de l’administration avec ses usagers. A ce propos, si l’on devait très succinctement rendre compte des changements qui sont intervenus du point de vue de l’organisation et de leurs résultats quant au rapprochement de la justice du justiciable, on ne cédera nullement à la complaisance en
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Communication présentée au colloque « L’évolution contrastée du contentieux administratif » organisé à Tunis, les 5 et 6 mars 2004. REMALD n° 54 -55 2004, p. 7 et suiv. 1 Faut-il rappeler que le premier jalon du contentieux administratif marocain fut posé par l’article 8 du dahir du 13 août 1913 interdisant aux juridictions civiles d’ordonner toutes mesures dont l’effet serait d’entraver l’action administrative et que cet article est une reproduction, à quelques virgules près, des articles 3 et 4 du décret beylical tunisien du 27 novembre 1888 ? 2