à une passante Baudelaire
Intro :
1. Cadre et déroulement de la rencontre
Un cadre hostile
Le poète pose le cadre de la rencontre, celui de la « rue assourdissante », dès le premier vers. Cet environnement est présenté comme particulièrement hostile grâce à une impression de cacophonie due à l'allitération en [r], mêlée à des assonances en [u] et [ou]. Deux hiatus en [a] et [u] (« la rue assourdissante autour de moi hurlait »), disposés en chiasme de part et d'autre du vers, contribuent à renforcer cette idée de vacarme en hachant le vers et en le rendant difficile à articuler. Le poète procède ici à une personnification de la ville, qui « hurle ». De plus, le fait que ce verbe soit placé à la fin du vers, après son complément circonstanciel de lieu « autour de moi », permet de le mettre en valeur. Cet environnement apparaît d'autant plus hostile que le poète semble isolé du reste du monde, se désolidarise de la foule par l'expression « autour de moi ».
L'apparition de la passante, salvatrice dans cet environnement déplaisant
Le second vers est constitué d'une série d'adjectifs décrivant la passante, cependant, celle-ci n'est mentionnée que dans le troisième vers. Cette attente créée par l'accumulation d'adjectifs donne au lecteur l'impression de voir arriver la femme petit à petit, se mettant à la place du poète qui la découvre : au vers 2, seule sa silhouette est évoquée, mais son portrait se précise peu à peu jusqu'au vers 5. Dans les vers 2 à 4, qui décrivent l'apparition, domine une allitération douce en [s] contrastant avec la rudesse le l'allitération en [r] présente dans la description de la rue. De plus, alors que la présence des hiatus impliquait un rythme haché dans le premier vers, le rythme se fait plus ample dès lors que la femme apparaît dans le vers 2, comme si le temps était soudainement suspendu : après une première phrase très courte, la description de la passante s'étend en effet sur trois vers et dépasse même la première strophe. Les