"Ô vous, frères humains" albert cohen
Variations sur le moi : écriture autobiographique au XXe siècle
Les formes de l’exemplarité
Dans Ô vous, frères humains d’Albert Cohen
La thématique de l’exemplarité est sous-jacente à l’autobiographie. L’écrivain se demande dans quel sens son expérience vécue peut avoir une dimension enrichissante, voire exemplaire pour ses lecteurs. Ainsi, l’autobiographie souligne à travers la singularité d’un individu les propriétés d’une communauté. C’est-à-dire que certains protagonistes de l’œuvre, dont l’auteur fait partie, vivent des événements particuliers qui sont exemplaires des collectivités dans lesquelles ils s’inscrivent.
L’autobiographie d’Albert Cohen, Ô vous, frères humains, conçoit plusieurs formes d’exemplarité.
La première, la plus représentée, est celle de l’auteur qui s’identifie au peuple juif. Il est un juif qui a vécu un événement traumatisant, que d’autres juifs dans le futur vivront également. Cet événement est la rencontre du camelot, qui est à l’origine de la découverte de son appartenance au peuple juif.
La seconde forme d’exemplarité est issue de l’autre personnage principal de l’autobiographie : le camelot. Celui-ci peut être interprété comme exemple de l’ensemble de la collectivité antisémite. Il représente à la fois les chrétiens, les catholiques et les nazis, que Cohen réunit sous l’appellation « haïsseurs de juifs »[1].
Enfin, une troisième forme peut être relevée. Celle-ci regroupe dans une catégorie les deux formes d’exemplarité ci-dessus. Cohen, les juifs, le camelot et les antisémites sont réunis dans un ensemble encore plus large : l’humanité.
Après avoir démontré de quelle manière Ô vous, frères humains conçoit les deux premières formes d’exemplarité, nous nous focaliserons sur la troisième. Nous verrons comment Cohen parvient à abolir les différences entre juifs et antisémites.
La crise de l’autobiographie, autour de laquelle s’articule l’ensemble de la problématique de