Calliclès Gorgias 483

Pradeau. APOLOGIE DE SOCRATE, CRITON, traduction de Luc Brisson. LE BANQUET, traduction de Luc Brisson. CHARMIDE. LYSIS, traduction de Louis-André Dorion. CRATYLE, traduction de Catherine Dalimier. EUTHYDÈME, traduction de Monique Canto-Sperber. GORGIAS, traduction de Monique Canto-Sperber. HIPPIAS MAJEUR, HIPPIAS MINEUR, traductions de Francesco Fronterotta et Jean-François Pradeau. ION, traduction de Monique Canto-Sperber. LACHÈS. EUTHYPHRON, traduction de Louis-André Dorion. LES LOIS, Livres

liberté ? Au fond, et comme le soutient Calliclès – ce personnage tyrannique mis en scène par Platon dans le Gorgias –, ne faut-il pas admettre que les hommes sont faibles dans leur majorité, et qu’ils craignent les plus forts ? N’est-ce pas pour cette raison qu’ils inventent une justice égalitaire contraire à l’indépendance de ceux qui pourraient se passer de la loi ? « Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j’en suis sûr, dit Calliclès. C’est donc en fonction d’eux-mêmes

c’est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s’il est supérieur à lui, c’est là le signe que c’est juste. » PLATON, Gorgias (discours de Calliclès, adversaire de Socrate) QUESTIONS : 1° Dégagez l’idée principale du texte et les étapes de son argumentation. 2° Expliquez : a) « Ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois » ; b) « Ce qui plaît aux faibles, c’est

communisme des gardiens sont pour ainsi dire le côté radical et révolutionnaire de la pensée politique platonicienne. • Troisième vague : le philosophe à la tête de l’Etat. C’est le plus grand paradoxe, si l’on se réfère au jugement que, dans Gorgias, Calliclès porte sur le philosophe. Il accepte qu’un adolescent s’adonne à la philosophie. Mais il pense que mérite le fouet tout homme déjà vieux qui ne renonce point à cette étude. Aussi affirme-t-il que : « si bien doué qu’on soit, quand on continue

de l'argumentation à celle qui est adaptée à un publie d'ignorants. C'est cet aspect-là de la rhétorique qui explique qu'elle ait été férocement combattue par Platon, dans son Gorgias (2), et qui a favorisé son déclin dans l'opinion philosophique. » (1) Cf. Aristote Rhétorique, liv. I, chap. 2, 1357 (t. (2) Platon, Gorgias, cf. notamment 455, 457 a, 463, 471 d. P 9-10 : « En effet, l'orateur est obligé, s'il veut agir, de s'adapter à son auditoire et l'on comprend sans peine que le discours le plus

une armée populaire où même les métèques, i;e. des étrangers installés dans la cité et sans droits politiques, sont recrutés. Les opposants à cette évolution sont ostracisés. C’est vraiment l’influence de Thémistocle, en effet, lorsqu’on découvre en 483 des filons argentifères, il persuade les Athéniens d’utiliser l’argent à construire des navires de guerre, ceux qui sauveront la Grèce quelques années plus tard plutôt que de le partager à parts égales entre tous les citoyens (voir discussions récurrentes

depuis le Calliclès du Gorgias « n'est pas un homme (viril) », « il mérite des coups » 2. Se limiter à défendre la classe de philosophie, ce serait donc tenter de maintenir un très vieux verrou psychologique, sexuel, sociopolitique. Une transformation familiale, sociale, politique et, corrélativement, une transformation de l'école, depuis la « maternelle », devraient au contraire ouvrir, longtemps avant 1. Cité par Yves Agnès, «Le libéralisme pédagogique», Le Monde, 13 décembre 1975. 2. [Gorgias, 485c