Tierno Monénembo

comme pour Magamou, « aller ailleurs » devient un véritable leitmotiv. Que leur réserve cet « Ailleurs »? Où est-il situé? Les hommes des pays voisins ne vivent-ils pas une situation de précarité similaire? N’est-ce pas ce que cherche à exprimer Tierno Monénembo quand il s’interroge en ces termes: « Quel est donc cet absurde destin qui broie des hommes, encore des hommes? Pourquoi tant de gens sont-ils victimes de ces manœuvres sans génie? » 1 L’« Ailleurs », nous la définirons d’abord par opposition

différents établissements universitaires d’Afrique de l’Ouest. o Elisa DIALLO Tierno Monénembo. Une écriture migrante 300 p. ISBN : 978-2-8111-0669-0 © 2012 26 € Tierno Monénembo, lauréat du prix Renaudot en 2008 pour son roman Le Roi de Kahel, a fait partie des 12 auteurs retenus pour le Goncourt 2012 avec Le Terroriste noir. L’ouvrage propose une analyse détaillée de l´écriture de Tierno Monénembo et notamment des quatre romans suivants : Les Crapauds-brousse, Un rêve utile

de Tanios, l’Afghan, Atiq Rahimi qui a été le récipiendaire du Goncourt en 2008 pour son roman Syngué Sabour132 – Pierre de patience, et Yasmina Khaddra avec son roman Ce que le jour doit à la nuit133 [Prix Roman France télévisions 2008], Tierno Monenembo [Prix Théophraste – Renaudot 2008] pour son roman Le roi de Kahel, ou in fine Assia Djebbar qui fait partie des Immortels de l’Académie Française. Notes Édouard Glissant, Traité du Tout-Monde, Gallimard, Paris, 1997, p. 14. Idem, p. 96.

se démarquer et de sortir de l’ombre des géants que sont, par exemple, Alain Mabanckou et Abdourahman A. Waberi. À l’inverse, dans quelle mesure ce phénomène informe-t-il les postures de ces derniers ? On pense par exemple aux retours réels (Tierno Monénembo) ou symboliques (Alain Mabanckou à travers la publication de Demain j’aurais vingt ans et de Lumières de Pointe-Noire et de la coprésidence du festival Étonnants voyageurs à Brazzaville) sur le continent. Ces quelques pistes sont, bien entendu

réécriture de l’histoire romanesque fait référence à l’histoire contemporaine postcoloniale dénonçant les pouvoirs dictatoriaux et les régimes totalitaires en Afrique : Mongo Béti, Sembène Ousmane, Ahmadou Kourouma, Emmanuel Dongala, Sony Labou Tansi, Tierno Monenembo, Ken Bugul, Werewere Liking, Jean-Marie Adjaffi, etc. 3. Le troisième moment, de 1990 à nos jours, correspond à la production littéraire francophone dominée par les Africains de la diaspora qui, dans le choix des lieux, des noms, des paysages

colonial, loin d’être réalisés n’étaient que rêves et illusion. Plutôt qu’une liberté salvatrice, une liberté tant physique que morale, l’ère d’après les indépendances est un revers crucial de la colonisation. Les indépendances, comme le montre Tierno Monenembo sont très tôt détournées de leur fin première par les dictateurs avides de gloire, de traîtrise aux noms évocateurs de Sâ-Matrak et d’autres26. Pour la plupart des Noirs à l’image de Dieng27, de Fana28, de Mélédouman29, les indépendances