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Valérie Boisvert
Institut de Recherche pour le Développement
Unité de Recherche 168
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Cahier du GEMDEV n°30 – Quel développement durable pour les pays en développement ?
INTRODUCTION
La Convention sur la diversité biologique (CDB), signée en 1992 à Rio, a consacré la valorisation économique de la biodiversité à travers le développement de marchés comme orientation privilégiée des politiques de conservation. Elle scelle en cela un changement de perspective radical, puisque l’approche qui avait longtemps prévalu en matière de protection de la nature faisait de l’exploitation marchande des espèces ou des espaces la cause majeure de leur dégradation. La préservation, mise en défens ou prohibition de l’utilisation et du commerce à travers des mesures de classement, était alors favorisée. Diverses évolutions concourent à un changement de cap : l’essor du génie génétique, tout d’abord, qui fait de la diversité génétique une source de matières premières potentielles, et surtout les pratiques industrielles qui accompagnent cette avancée technique. Certaines firmes, en particulier pharmaceutiques, développent leurs recherches sur les substances naturelles en vue d’obtenir de nouveaux produits, et brevettent les innovations éventuelles auxquelles elles parviennent.
Des accords dûment médiatisés, comme le fameux contrat passé entre Merck et INBio en
1991, contribuent à suggérer qu’il existerait un marché naissant et prometteur pour les ressources biologiques, lucratif pour l’ensemble des parties en présence. A la faveur du climat libéral qui domine les négociations environnementales internationales, la biodiversité apparaît comme nouveau « bien public global », sur lequel il convient de définir des droits de propriété afin de permettre le développement d’échanges marchands.
Dans cette perspective, une activité est rapidement mise en avant dans les négociations : la bioprospection. Elle consiste