1989-2009, La république populaire de chine, du ban des nations à la consécration olympique : le véritable « grand bond en avant »
1989-2009, la République Populaire de Chine, du ban des nations à la consécration olympique : le véritable « Grand Bond en avant »
6 novembre 2009
Par Olivier Guillard, directeur de recherche à l’IRIS
Le plus « sino-sceptique » de nos contemporains en conviendra lui-même : ces deux dernières décennies, s’il est un acteur étatique à avoir dévoré l’espace-temps sans retenue en démultipliant sur un rythme frénétique ses capacités (humaines, industrielles, techniques, économiques et financières) – fût-ce au prix de quelques hypothèques risquées sur l’avenir (cf. environnement) –, il s’agit sans l’ombre d’un doute du géant chinois. La République Populaire de Chine, rêve concrétisé du camarade Mao, célèbre en cet automne 2009 le 60e anniversaire de sa fondation ; des festivités qui, nonobstant les conséquences collatérales de la crise financière sur son économie, se veulent au diapason de l’accomplissement enregistré depuis vingt ans.
Une vingtaine d’années plus tôt, à l’automne 1989, alors que 8 000 km à l’ouest de Pékin le mur de Berlin s’effritait pour enfin se déliter, l’humeur des autorités chinoises n’était guère à la célébration. Le quarantenaire de la fondation de la République Populaire ne donna pas lieu à la même exubérance de défilés, de couleurs et de ballons. On le comprendrait à tout le moins : un semestre plus tôt, l’écrasement du « printemps de Pékin » sur la place Tiananmen plaçait « l’ex-empire du Milieu » dans une configuration domestique et internationale bien différente. Pour Pékin, le temps de l’opprobre, de la marginalisation internationale et de la critique s’annonçait. Si aujourd’hui se prolongent encore certains effets de cette période délicate, si demeurent des courants (domestiques, extérieurs) œuvrant au profit d’une libéralisation politique tardant à venir, les autorités pékinoises ont appris à « gérer », à s’accommoder de ces « contingences ».
1989, année des