Acte I Sc Ne 3 Le Monologue De Suzanne
Je pensais‚ lorsque tu es parti
(ce que j’ai pensé lorsque tu es parti)‚ lorsque j’étais enfant et lorsque tu nous as faussé compagnie
(là que ça commence)‚ je pensais que ton métier‚ ce que tu faisais ou allais faire dans la vie‚ ce que tu souhaitais faire dans la vie‚ je pensais que ton métier était d’écrire (serait d’écrire) ou que‚ de toute façon
– et nous éprouvons les uns et les autres‚ ici‚ tu le sais‚ tu ne peux pas ne pas le savoir‚ une certaine forme d’admiration‚ c’est le terme exact‚ une certaine forme de l’admiration pour toi à cause de ça –‚ ou que‚ de toute façon‚ si tu en avais la nécessité‚ si tu en éprouvais la nécessité‚ si tu en avais‚ soudain‚ l’obligation ou le désir‚ tu saurais écrire‚ te servir de ça pour te sortir d’un mauvais pas ou avancer plus encore.
Mais jamais‚ nous concernant‚ jamais tu ne te sers de cette possibilité‚ de ce don (on dit comme ça‚ c’est une sorte de don‚ je crois‚ tu ris) jamais‚ nous concernant‚ tu ne te sers de cette qualité
– c’est le mot et un drôle de mot puisqu’il s’agit de toi – jamais tu ne te sers de cette qualité que tu possèdes‚ avec nous‚ pour nous.
Tu ne nous en donnes pas la preuve‚ tu ne nous en juges pas dignes.
C’est pour les autres.
Ces petits mots
– les phrases elliptiques – ces petits mots‚ ils sont toujours écrits au dos de cartes postales
(nous en avons aujourd’hui une collection enviable) comme si tu voulais‚ de cette manière‚ toujours paraître être en vacances‚ je ne sais pas‚ je croyais cela‚ ou encore‚ comme si‚ par avance‚ tu voulais réduire la place que tu nous consacrerais et laisser à tous les regards les messages sans importance que tu nous adresses.
« Je vais