Amère banlieue
Amère banlieue : les gens des grands ensembles
Paris : Grasset, 2000. 329 p. (Partage du savoir).
ISBN 2-246-59641-6.
Les habitants des « banlieues » ont une mauvaise image de leur quartier, ils se sentent méprisés par les autorités, rejetés de la société de consommation et de l’espace public. Ces « catégories moyennes paupérisées », qui sont « à la fois virtuellement intégrées à notre société et effectivement empêchées d’y accéder, du fait de leurs faibles ressources économiques », cherchent à se démarquer de leur voisinage, se replient sur elles-mêmes ou cèdent au racisme, alors que les habitants de certains quartiers populaires et pluriethniques de centre-ville sont également pauvres, mais semblent plus attachés à leur quartier, et dotés d’une identité collective. À partir d’un compte rendu riche et bien structuré d’une enquête portant sur deux quartiers populaires de Bordeaux, l’un en banlieue, l’autre en centre-ville, l’auteur, maître de conférences à Bordeaux-III, plaide pour une meilleure prise en compte par les décideurs des frustrations et des inquiétudes, mais aussi des ressources et des différentes manières de vivre ensemble dans les quartiers populaires, qui ne sont pas forcément des « quartiers d’exil » voués à la « galère », selon les expressions de François Dubet.
Depuis le déclin de la classe et de la culture ouvrières, « la culture de la cité est la culture de masse, ses habitants adhèrent aux normes des catégories moyennes, ils subissent la stigmatisation, et rejettent toute connivence avec le voisinage » . L’absence d’un lien social suffisamment digne laisse place à « la frustration, l’amertume, nées d’aspirations consommatrices et statutaires sans cesse contrecarrées par la contrainte économique, la situation de dépendance, la stigmatisation du quartier ». La dépendance est avant tout sociale et symbolique, liée au regard porté de l’extérieur sur le quartier. Privés de la culture ouvrière en déclin, et de l’accès à