Dans un premier temps, nous verrons en quoi le thème de l’espace constitue un élément d’américanisation dans ce recueil de nouvelles. On peut l’observer sous divers aspects, tel que par l’omniprésence au fil des nouvelles, de la frontière américaine ainsi que par la présence de longues routes bordées de champs et de grandes plaines. En effet, à travers les pages, on fait plusieurs fois référence à la frontière qui sépare le Canada et les États-Unis, car les nouvelles se déroulent toutes dans les cantons-de-l’ est, un territoire qui longe la frontière américaine. Cet extrait, en témoigne parfaitement : «Après le dernier lampadaire de Saint-Alexandre, je syntonise le 105 et la station de radio américaine apparaît spontanément en ondes, comme un moustique s’écrase sur un pare-brise. Cette nuit, je faisais le trajet très lentement pour savourer les quinze minutes durant lesquelles la voix de Rainier Hamilton allait m’envelopper tout entier.»1 Effectivement, l’américanité du Québec se fait bien ressentir dans les cantons-de-l’ est, ce qui en fait, selon l’auteur, une région particulière. Dans ce même ordre d’idées, l’auteur nous transporte à plusieurs reprises sur de longues routes bordées de champs et de grandes plaines, comme dans ce cas-ci : « Deux choses me tiennent en vie : ce grand parcours en ligne droite, dans l’obscurité presque totale, au beau milieu de quelques kilomètres de blé d’Inde, et l’émission de nuit de Rainier Hamilton, […] ».2 En effet, les États-Unis d’Amérique sont reconnus pour leurs longues routes aux magnifiques paysages diversifiés, traversant État en État, village par village. Le grand territoire américain oppose de puissantes montagnes à de vastes plaines, plusieurs climats et plusieurs types de végétations, ce qui offre une variété de décors naturels. À la suite de ces constatations, nous pouvons en conclure que la frontière et ses longues routes sont des symboles d’américanisation très puissants dans ce livre. Le Canada et les