Analyse de l'incipit de la condition humaine, André Malraux
L’incipit a pour fonction de mettre en place un cadre, une ambiance, mais également de présenter au lecteur les personnages, créant ainsi un horizon d’attente. Ceci est parfaitement visible dans le texte proposé à l’étude et qui constitue l’ouverture du roman La Condition Humaine publié par André Malraux en 1933. En effet, le lecteur se trouve immédiatement immergé au cœur de l’action : Tchen, l’un des protagonistes de l’œuvre, s’apprête à assassiner en pleine nuit un trafiquant d’armes dans une chambre d’hôtel. La peur provoquée par ce premier crime envahit tout le texte : nous partageons le moindre soubresaut d’angoisse du héros au gré des bruit urbains et des moments de doute. Plus encore, le jeune homme se révèle à nous tout en se découvrant lui-même, au bord d’un abîme de noirceur. Or, comment l’auteur donne-t-il à cet incipit une grande intensité dramatique ? Il semble tout d’abord que l’atmosphère particulièrement inquiétante qui imprègne l’extrait concourt à cela. Par ailleurs, l’originalité de cette ouverture participe à cette tension extrême.
Le sentiment d’angoisse intense suinte littéralement de chaque mot. Les lieux décrits le prouvent.
L’incipit in medias res nous plonge d’emblée dans l’intrigue, dan l’action et par là même occasion dans la peur. Tout d’abord la scène se déroule la nuit (l15) et l’on peut remarquer qu’elle est rythmée par un perpétuel jeu d’ombres et de lumières : « corps moins visible qu’une ombre » (l16), « la seule lumière » (l9), « grand rectangle d’électricité pâle » (l10), « nuit » (l15). La lumière se trouve ici à l’extérieur et symbolise la vie, tandis que l’obscurité règne dans la chambre, lieu du futur crime, et connote donc la mor. Cette opposition est d’ailleurs renforcée par l’antithèse présente à la ligne 32 : « cette nuit écrasée d’angoisse n’était que clarté ». De même, l’évocation des « barreaux de la fenêtre » (l8_9) vient souligner l’atmosphère oppressante du lieu. Les bruits constituent