Analyse nana (le roman et le tableau)
''Nana''_1877 d'Edouard MANET (1832-1883)Huile sur toile 154 cm x 115 cmLocalisation: Hambourg, Kunsthalle
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Présentation historique de l’œuvre, comment l'appréhender ? __________________ ________________________ _ ____________
La Nana de Manet et celle de Zola
L’Artiste, 13 mai 1877. La Nana de Manet.
Le tableau de Manet que le jury du Salon de 1877 a refusé d’admettre, à l’unanimité des voix, vient d’être exposé aux vitrines de la maison Giroux.
Inutile d’ajouter que, matin et soir, l’on s’entasse devant cette toile et qu’elle soulève les cris indignés et les rires d’une foule abêtie par la contemplation des stores que les Cabanel, Bouguereau, Toulmouche et autres croient nécessaire de barbouiller et d’exposer sur la cimaise, au printemps de chaque année.
Le sujet du tableau, le voici : Nana, la Nana de L’Assommoir, se poudre le visage d’une fleur de riz. Un monsieur la regarde.
Je déclare tout d’abord que je reconnais, dans cette nouvelle œuvre de M. Manet, de singulières défaillances, j’y trouve également cette gaucherie d’exécution tant insultée par ces aimables peintres qui soufflent des princesses en baudruche et les suspendent au plafond satiné des boudoirs avec ces étiquettes imbéciles : Premier trouble, Jours heureux, Puis-je entrer ?, Rêverie, mais j’y vois aussi ce qu’aucun des peintres non impressionnistes n’a encore su faire: la fille !
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Manet a donc eu absolument raison de nous représenter dans sa Nana, l’un des plus parfaits échantillons de ce type de filles que son ami et que notre cher maître, Emile Zola, va nous dépeindre dans l’un de ses plus prochains romans. Manet l’a fait voir telle que forcément elle sera avec son vice compliqué et savant, son extravagance et son luxe des paillardises.
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Telle qu’elle est, avec ses qualités et avec ses défauts, cette toile vit et elle est supérieure à beaucoup des lamentables gaudrioles