Analyse
Extraordinaire. Il n’y a pas plus exact pour décrire l’univers de la série. Et pourtant, le terme fait presque figure d’euphémisme, tant ces aventures sont réellement rocambolesques et abracadabrantesques. On est ici dans un non-sens proche de celui des Monthy Python et il faut une solide dose d’humour et de dérision pour adhérer à ces histoires qui, album après album, partent « en live » sur le mode crescendo.
Le fantastique et les grands thèmes de la science-fiction y sont utilisés pour dénoncer, sur le mode grand-guignol – et c’est peu de le dire –, les magouilles politico-judiciaires, la corruption, la bêtise des policiers et l’absurdité de la guerre qui s’annonce. On y retrouve les thèmes chers à Tardi : les grandes luttes sociales (« Le cri du peuple » sur la Commune de Paris), l’anarchisme, l’antimilitarisme (« C’était la Guerre des Tranchées », « La fleur au fusil », « Adieu Brindavoine »), le tout mâtiné d'un peu de polar (la série des « Nestor Burma », d’après l’œuvre de Léo Malet), qui confèrent à son œuvre une grande cohérence.
Le dessin est superbe. Même si « Les aventures... » sont en couleurs, certains albums, « Adèle et la Bête » notamment, pourraient être en noir et blanc, tant l’usage de la couleur paraît superflu. Tardi est un maître du noir et blanc, qu’il a utilisé dans beaucoup de ses albums (la série des « Nestor Burma », le magnifique et déroutant « Le secret de l’Etrangleur »), comme dans les illustrations de romans (Céline, notamment, voir « Voyage au bout de la nuit »).
On voit ici la cohérence de l’œuvre. Le propos est sombre, l’humour est souvent noir. « L’univers de Tardi est facile à résumer : les faubourgs de Paris, les anars, quelques