[I - Une construction antithétique]
[1. Alternance des points de vue]
Dans les épisodes consacrés à la guerre, le roman fait se succéder les figures du bon roi, Grandgousier et son fils Gargantua, et du mauvais roi, Picrochole. Le chapitre 30 montre le personnage d'Ulrich Gall mandaté par Grandgousier quand le chapitre 31 met en scène ce même ambassadeur face à Picrochole. Le chapitre 32 constitue un retour la cour de Grandgousier puis le chapitre 33 donne à voir Picrochole entouré de ses (mauvais) conseillers. Au chapitre 46, Grandgousier traite " humainement Toucquedillon prisonnier " alors qu'au chapitre suivant Toucquedillon est tué dans son propre camp, sous les yeux de Picrochole. À certains moments, le rythme s'accélère et c'est un même chapitre qui est alors construit en dyptique : le titre du chapitre IL met ainsi explicitement en regard les deux ennemis : " Comment Picrocho fuiant feut surprins de males fortunes et ce que frit Gargantua après bataille ».
[2. Ordre et désordre] les aultres " (chap. XXVI p. 218). La guerre menée par Picrochole n'est pas préparée. Ses troupes avancent, comme le pense Gargantua, sans aucune tactique : " il se guident par sort non par conseil " (chap. XLIII, p. 308). Leur défaite est une vraie débâcle : « Parquoy se mirent en fuyte, sans ordre ny maintien (chap. XLVIII p. 334). Au contraire, Grandgousier procède avec ordre et méthode : il s'enquiert des raisons de la guerre, dépêché des ambassades, réunit ses forces seulement quand il sait le conflit inévitable, organise la paix en récompensant ou châtiant chacun. Il va même jusqu'à rétablir l'ordre dans le royaume de son ennemi en préparant la succession de Picrochole. Aussi la guerre menée par Grandgousier devient-elle, à certains égards, esthétique : le chapitre XXXVI met en valeur l'agilité de Gymnaste face aux gens de Picrochole, " ignorans de toute discipline militaire », dont le désordre est rendu par les accumulations (chap. XXXVI p.
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268). L'armée de