Apollinaire j'emerveille
Lorsque Alcools paraît en 1913, l’écrivain George Duhamel compare l’ouvrage a « une boutique de brocanteur ». Si à première vue le recueil peut donner l’impression d’un ensemble disparate de poèmes, il est en fait le résultat d’une longue distillation et (il) présente un projet esthétique complexe. L’ouvrage, à la charnière du symbolisme et du surréalisme, mélange genres, thèmes, registres et formes. De plus il s’étend sur une période de quinze ans ce qui contribue encore à le rendre inclassable. Caractériser Alcools demande donc une lecture attentive, mais aussi très personnelle, qui permet au lecteur de déceler une structure interne au recueil et de comprendre qu’Apollinaire n’est pas un simple revendeur comme l’implique l’image du brocanteur. Mais alors qu’est-il ? En 1908 Apollinaire adopte comme devise « J’émerveille », soulignant ainsi son intention de susciter l’admiration, l’étonnement et le plaisir de ses lecteurs. En nous basant sur une lecture personnelle d’Alcools, nous verrons comment Apollinaire « émerveille ». Et nous nous demanderons si cette devise suffit à saisir le sens de ce recueil, tendu entre une réalité ancrée dans la biographie et une dimension fantastique. En suivant une progression thématique, nous examinerons premièrement la présence du merveilleux dans Alcools avant … par la beauté de son lyrisme. XX
En 1908, lorsque Apollinaire adopte sa devise, il vient de rencontrer Marie Laurencin et se trouve plein d’optimisme et d’inspiration poétique. Il a déjà écrit la partie Rhénanes /d’Alcools/ qu’il comptait, avec La Chanson du Mal-Aimé, publier sous le titre Le Vent du Rhin. Le projet enrichi par les expériences du poète et distillé donnera par la suite Eau de Vie et finalement Alcools. Les Rhénanes sont imprégnées de merveilleux. Pendant son séjour en Rhénanie, Apollinaire a découvert, la mythologie Allemande qui l’a fasciné. Dans Mai, le paysage riche de vignes, d’osiers et